22 juil. 2010

Zoom sur le concert coup de coeur : Piers Faccini + Prohom

Piers Faccini
Les vrais musiciens n’ont qu’une hantise : voir leur art se figer, perdre de sa vitalité et de son souffle intérieur. Comment maintenir au fil du temps la flamme qui, à l’aube de leur vocation, alluma la mèche de leur inspiration ? Certains s’échinent à changer régulièrement d’air, de style, d’outils ou de partenaires : chaque projet est pour eux l’occasion de couper les ponts avec le passé, de défricher des territoires inconnus. D’autres, au contraire, préfèrent creuser patiemment le même sillon, pour mieux l’approfondir et l’élargir ; et c’est ainsi, en retournant patiemment leur lopin, qu’ils réussissent à retrouver la fraîcheur du commencement, la pureté virginale du geste créateur. Tel est Piers Faccini, semeur de beautés, dont chaque moisson de chansons tranche naturellement avec le tout-venant du songwriting. Ses deux premiers albums, Leave No Trace (2004) et Tearing Sky (2006), avaient révélé un musicien cultivant un jardin éminemment personnel, à l’abri des vents tournants de la mode et à bonne distance des productions standardisées du folk, du blues ou du rock. Aujourd’hui, Two Grains of Sand apporte cette évidence : Piers Faccini vit seul sur une terre que, par la grâce de l’expérience, il a su rendre encore plus féconde, plus généreuse. Piers Faccini dit se reconnaître dans la phrase de Francis Bacon, qui affirmait : "I’m an optimist about nothing". Quand on voit vraiment le monde en face, avec réalisme, il est impossible de ne pas être heurté ou attristé. Pourtant, c’est bien l’optimisme qui domine dans Two Grains of Sand : car c’est l’optimisme qui coule dans les veines de son auteur et donne la couleur générale de ses chansons. Aussi bon peintre que musicien, Piers Faccini n’ignore rien de la force expressive du clair-obscur ni de la science des contrastes. On peut le vérifier plus que jamais dans Two Grains of Sand, disque aussi sombre dans le fond qu’étincelant dans la forme.

Prohom
L’idée était venue pendant les mixs de « peu importe » en 2004. Déjà les envies de proposer un univers plus large, de sortir du carcan electro-rock étaient fortement présentes, mais impossibles à mettre en place avec les musiciens de l’époque. En 2006 Philippe Prohom commence à répéter avec Richard Lornac (Le pianiste du fou du roi à France Inter), mais les emplois du temps et la distance géographique viennent à bout de cette collaboration. Quand « allers-retours » sort en 2007, le nouveau line up glisse déjà naturellement vers une direction plus acoustique et termine même la tournée dans une formule sans machines. Christian Fradin (qui a officié pendant une dizaine d’année avec Etienne Daho ou Dani pour ne citer qu’eux) est déjà de la partie au piano. Fin 2008, même si le projet de monter un duo est déjà dans les esprits des deux protagonistes, c’est le décès brutal de François Lebleu, ami et batteur sur l’album et la
tournée « allers-retours », qui précipite et inscrit les premières répétitions dans l’urgence de se relever de cet événement dramatique. C’est donc tout début 2009 que Christian et Philippe commencent à monter le nouveau répertoire et à adapter l’ancien. Le duo veut proposer un set dynamique, un univers basé sur l ‘émotion et l’énergie, d’où la présence de l’electro, des guitares
acoustiques et l’entretien de cette relation particulière que Philippe sait instaurer avec une audience. Quelques mois seulement suffisent pour séduire un public, qui dit « vivre un moment
privilégié à chaque concert », trouver une nouvelle structure pour la tournée (Fred Lomey, pour Melodyn, une « filiale » de Blueline), signer chez un éditeur (Chrysalis France) et commencer des enregistrements avec le réalisateur Mazarin (Olivia Ruiz, no one is innocent, entre autres).
Aujourd’hui, un premier single va être proposé aux médias, un Ep 4 titres est prêt à sortir (vinyle et numérique) et un album est déjà écrit, composé et prévu pour l’automne 2010.
Côté live, le duo sort d’une résidence au Brise-glace à Annecy, qui a permis d’affiner le concept sur scène (avec Lafraise au son, collaborateur de Philippe depuis 9 ans et Eric Lombral à la lumière).

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